• 20/12/2013


    En 2014, il faudra (encore) faire le dos rond

    Réunis pour les 2èmes Rencontres économiques de la construction, le 19 décembre à Paris, les représentants des fédérations professionnelles d’entreprises du BTP (FFB, Capeb, FNTP, Fédération des Scop du BTP) n’ont laissé que peu d’espoir de reprise en 2014.

    Exaspérés ! A l’image de Patrick Liébus, président de la Capeb, reçu le matin même à Matignon et dénonçant le mépris du gouvernement, les représentants des organisations professionnelles d’entreprises du BTP étaient exaspérés ce jeudi 19 décembre, lors des deuxièmes rencontres économiques de la construction à Paris. Invités à se prononcer sur les perspective pour 2014, François Asselin, vice-président de la FFB, Bruno Cavagné, président de la FNTP, Jacques Petey, président de la fédération des Scop du BTP et Patrick Liébus pour la Capeb n’ont pas fait montre d’un enthousiasme débridé. Mais au-delà des prévisions économiques qu’on n'attendait pas florissantes, c’est surtout le sentiment d’un ras-le-bol généralisé qui a dominé les débats. «L’année 2013 s’est bien passée, les entreprises sont en bonne forme, a lancé, ironique, François Asselin. Plus sérieusement, cela fait maintenant plusieurs années qu’elles survivent plus qu’elles ne vivent. Malheureusement, 2013 ne fera que confirmer cette tendance». De fait, les chiffres de KPMG comme ceux de BTP banque montrent qu’après un sursaut en 2008-2009, les marges nettes sont orientées à la baisse, tournant pour 2012 autour de 1,5%. Et les défaillances des entreprises en augmentation poussent les financiers, assureurs-crédits en tête, à la plus grande prudence. «La traduction concrète, illustre Patrick Liébus, c’est qu’un matin, en venant chercher les matériaux dont vous avez besoin, votre négociant vous apprend que vous n’êtes plus couvert et qu’il vous faut payer au comptoir. Quand on connaît l’état des trésoreries des entreprises…». Selon BTP Banque, la trésorerie nette se situe entre 16 et 21 jours de production selon le domaine d’activité, en baisse d’au moins 3 jours par rapport à 2011.

    Des milliers d'emplois détruits sans bruit

    «Depuis le temps que nous disons que nous allons dans le mur, cette fois, nous y sommes. Et ça semble n’émouvoir personne», assène Bruno Cavagné, bientôt rejoint par Jacques Petey : «Le problème, c’est que quand un établissement PSA ou Renault ferme, les licenciements sont massifs et visibles. Dans le BTP, des dizaines de milliers d’emplois sont détruits chaque année mais ça ne se voit pas !».

    S’agissant de 2014, les intervenants ont vite rompu le suspense. Aucun ne croit à la reprise considérant qu’il faudra faire - encore - le dos rond et attendre 2015.  «Baisse des dotations aux collectivités, baisse des budgets des agences de l’eau, report de l’écotaxe qui ampute gravement le budget de l’Afitf (agence de financements des infrastructures de transport de France)…, rien n’incite à l’optimisme dans les travaux publics» déplore Bruno Cavagné. Même l’annonce de la «relance» du Canal Seine Nord Europe intervenue le jour même ne rassure pas. «Les effets d’annonce, c’est bien, mais où sont les financements ? » interroge-t-il, craignant désormais que la réalisation d’un projet ne se fasse au détriment d’un autre. Ajouter à cela que 2014 sera une année d’élections pour le bloc communal et le tableau s’assombrit encore. «Il faut espérer que les investissements ne seront pas sacrifiés sur l’autel de l’assainissement des finances publiques, prévient Jacques Petey. Nos métiers sont vecteurs de croissance, de formation et d’insertion. Chacun doit en prendre conscience au risque de provoquer la destruction de nos savoir-faire». A en croire les entrepreneurs et élus interviewés lors du SMCL (salon des maires et des collectivités locales) en novembre (voir la video ci-dessous), tous ont anticipé des jours difficiles. Les édiles en reportant leurs investissements. Les entreprises en adaptant leurs organisations.

     

     

    Côté bâtiment, malgré notamment les avancées sur la TVA obtenues dans le cadre des négociations du budget 2014,  François Asselin et Patrick Liébus ne sont guère optimistes. Seule mesure trouvant grâce à leurs yeux, l’arrivée au 1er juillet de l’éco-conditionnalité. En pratique, à cette échéance, seules les entreprises bénéficiant d’une qualification RGE –Reconnu Garant de l’Environnement – pourront faire bénéficier leurs clients des aides publiques, à commencer par l’éco-PTZ. Reste à structurer l’offre et à s’assurer qu’elle sera au rendez-vous. Un micro-trottoir réalisé pendant Batimat (voir ci-dessous) montre que les professionnels oscille entre espoir et inquiétude quant à l’échéance du 1er juillet.

     

     

    Une chose est sûre, le mouvement accélère. «Nous constatons une montée en puissance des demandes de formation», assure François Asselin. Preuve que les entrepreneurs ont pris conscience des enjeux et surtout qu’ils n’ont pas baissé les bras.

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