• 31/07/2018

    "LA SCOP N'EST PAS LA SOLUTION DE LA DERNIÈRE CHANCE"

    Charles-Henri Montaut, nouveau président de la Fédération des Scop du BTP, élu pour quatre ans, dévoile ses ambitions.
     
     
    Vous avez été élu en octobre 2017. Quelle est votre feuille de route ?
     
    Nous déploierons notre projet « Ambition 2021 » qui consiste à améliorer la notoriété des Scop dans le BTP. Cette solution est insuffisamment connue et n'apparaît pas assez comme une possibilité de transmission. Pourtant, la société coopérative et participative correspond bien à notre secteur, qui emploie des salariés responsables et autonomes, en lien direct avec les clients. Le BTP se compose de nombreuses entreprises familiales. Lorsqu'un héritier de deuxième ou troisième génération ne souhaite pas reprendre l'activité, la solution de la Scop permet d'évacuer le risque de rachat et de s'assurer que l'entreprise continuera d'évoluer sur un territoire donné.
     
     
    Comment mieux se faire connaître des patrons ?
     
    Nous devons lutter contre l'idée reçue qui consiste à croire qu'une transmission en Scop est un don. Et nous souhaitons améliorer l'image des Scop dans les médias, car cette solution est souvent présentée comme celle de la dernière chance.
     
    Nous communiquerons également auprès des notaires, des experts-comptables, des chambres de métiers… qui sont des prescripteurs naturels auprès des chefs d'entreprise.
     
    Vous avez récemment labellisé deux nouvelles Scop pour leur démarche RSE. Est-ce le rôle d’une fédération de distinguer certains de ses membres ?
     
    Notre démarche vis-à-vis de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est ancienne, alors que la norme ISO 26000, qui porte sur ces sujets, ne date que de 2010. Certains membres, comme UTB, que je dirige, ne se seraient pas engagés dans cette voie sans le travail de la Fédération.
    Or, sur la gouvernance ou les relations de travail, par exemple, nos entreprises obtiennent naturellement de bonnes évaluations. Et le rôle de la fédération consiste aussi à donner un avantage compétitif à ses membres.
     
    La RSE aide-t-elle à décrocher des contrats ?
     
    Les normes ISO 9000 (qualité) ou 14000 (environnement) jouent un rôle important dans l'organisation des entreprises, mais ne donnent pas un quelconque avantage commercial. En revanche, l'ISO 26000 peut être un atout aux yeux de certains maîtres d'ouvrage.
     
    Les délais de paiement trop longs restent problématiques pour les entreprises du bâtiment. Comment y remédier ?
     
    Le paiement du décompte général définitif (DGD) est le cancer du bâtiment. Le besoin en fonds de roulement de nos entreprises est bien souvent trop important à cause de DGD dont les délais de vérification traînent pendant un an voire un an et demi avant d'être payés, alors qu'ils peuvent atteindre 5 à 10 % du montant d'un marché ! N'oublions pas que nos fournisseurs, eux, font respecter le délai de quarante-cinq jours. C'est pourquoi il faudrait que, dans le droit des marchés publics et celui des marchés privés, des délais de vérification soient assortis de clauses pénales. Malheureusement, sur ce sujet, nous ne sommes pas entendus par les pouvoirs publics.
     
    Il faut dire qu’avec les nouvelles règles, votre fédération n’est plus considérée comme représentative au niveau de la branche du BTP... Comment peser malgré tout ?
     
    Nous affûtons nos arguments pour essayer de redevenir représentatifs sur le plan légal. La Fédération des Scop du BTP a aidé à la constitution de nombreux organismes paritaires et participe à leur gouvernance. Notre double casquette d'employeur et de salarié nous permet également de bien comprendre les problématiques des uns et des autres. Si elle se confirme, la fin de notre représentativité serait une perte sèche pour le BTP.
     
    • Propos recueillis par Barbara Kiraly et Fabien Renou 
     
    31/07/2018