La sculpture virtuelle de SNBR
 
 
Spécialiste de la pierre massive, la Scop auboise exporte son savoir-faire jusqu’en Russie.
 
Philippe Baubrit, lui-même compagnon maçon et tailleur de pierre, parmi les salariés de la SNBR. Une Scop qui ne cache pas ses ambitions
 
Le 1er avril 2016 (ce n’est pas un gag !), Société Nouvelle Le Bâtiment Régional participera, à Saint-Pétersbourg, à l’inauguration des deux statues monumentales et des bas-reliefs du fronton qui ornent l’entrée de la prestigieuse Ecole des Mines. L’entreprise, installée à Sainte-Savine, près de Troyes, n’a pas effectué une simple restauration. « Nous avons numérisé ces statues, fabriquées à l’origine en tuf, puis cimentées, et les avons refaites en pierre. Nous en avons reconstitué les doigts, le nez et les oreilles », explique Philippe Baubrit, 57 ans. Le scanner et la modélisation des cassures permettent de pratiquer de véritables greffes sur la sculpture, procédé que le dirigeant qualifie lui-même de « sculpture virtuelle ».
 
Cette PME, créée en 1995 sous forme coopérative après la liquidation judiciaire du Bâtiment Régional, génère aujourd’hui 5 millions d’euros de chiffres d’affaires et compte 50 salariés, dont 28 sont actionnaires. Son P-DG revendique quatre métiers : la maçonnerie, la taille de pierre, la sculpture… »et la robotique ». SNBR a d’ailleurs acquis, en 2015, son troisième robot de taille, après avoir épuisé les deux précédents. Cet outil, développé par l’entreprise, est « au moins vingt fois plus rapide que la main de l’homme ». Mais Philippe Baubrit, lui-même compagnon maçon et tailleur de pierre, précise que « toutes les finitions sont faites manuellement ».
 
« Un million d’euros de CA en Russie en 2016. » Les savoir-faire spécifiques de SNBR trouvent des débouchés non seulement en France (cathédrale de Saint-Denis, remparts de Provins, château de Fontainebleau, basilique de Vézelay), mais aussi à l’étranger. Et plus particulièrement en Russie, pays où les architectes « ont la même culture classique qu’en France » et où « la french touch est très appréciée ». « L’objectif est de doubler tous les ans notre chiffre d’affaires dans ce pays. Nous visons un millions d’euros en 2016 », souligne celui qui à été reconduit sans faillir à son poste depuis 1996.
 
Intervenant dans le neuf (la nouvelle cuverie du champagne Moët & Chandon, par exemple), mais surtout en restauration, SNBR ne s’interdit pas d’explorer le marché de la construction individuelle en pierre, après avoir bâti une HLM dans ce matériau à Verdun. Son nouveau siège social, inauguré en 2015, est la meilleure vitrine de cette expertise, avec ses quatre arcs diaphragmes en pierre massive de 20 mètres de portée. Après avoir connu des débuts difficiles, mais un seul exercice déficitaire, SNBR s’est positionné délibérément su le haut de gamme, et arbore fièrement, depuis 2010, le label Entreprise Patrimoine vivant.
 
08/01/2016