Des patrons plus forts que la crise

 

Dans un climat économique plus tendu que jamais, les lauréats 2015 des Prix Moniteur de la construction ont su réaliser des performances remarquables. Leur secret : gestion rigoureuse et proximité avec le marché.

L’activité en recul de 1,5 % dans le bâtiment, les travaux publics en repli de 8 %, plus de 30 000 défaillances d’entreprises en deux ans, près de 60 000 emplois détruits, des trésoreries en dessous de la ligne de flottaison… Le BTP reprendra-t-il des couleurs en 2016 ? Constatant la profonde déstructuration des marchés de la construction, certains analystes prédisent que la crise fera encore de gros dégâts au cours des prochains mois. D’autres spécialistes s’appuient sur des indicateurs un peu mieux orientés, notamment dans le domaine du logement, pour pronostiquer des jours meilleurs. Mais tous les observateurs s’accordent quant aux effets dévastateurs des millésimes 2014 et 2015 sur l’acte de bâtir. Dans ce contexte plombé, le palmarès des 14è Prix Moniteur de la Construction bat en brèche nombre de thèses à la mode, selon lesquelles, une entreprise, pour être performante, doit obligatoirement atteindre une taille critique, s’implanter au plus près des grandes métropoles, s’adosser à un investisseur financier, aller chercher ses marges en dehors de son cœur de métier, externaliser ses moyens de production… Le parcours des lauréats primés le 9 décembre à Paris fait entendre une petite musique sans rapport avec le staccato de certitudes débitées dans les amphithéâtres des facultés d’économie.


Des valeurs inscrites dans les fondamentaux de l’entreprise. Le parcours de celles et ceux qui pilotent ces entreprises régionales, souvent familiales, mérite que l’on s’y attarde. Alors que l’orage gronde, les patrons récompensés par « Le Moniteur » ont su maintenir le cap de la croissance. Leur secret ? Des valeurs profondément ancrées dans leur stratégie entrepreuneuriale : proximité avec le marché et le territoire, indépendance capitalistique, innovation technique, management basé sur une politique sociale ambitieuse, engagements forts dans les domaines de la formation, de l’apprentissage et de la prévention. La modestie et la discrétion caractérisent également ces 29 capitaines courageux. Leur réussite est loin du bling-bling. Seuls la passion de construire, le goût d’entreprendre et le sens du collectif les ont conduits sous les feux des projecteurs du Paradis Latin à Paris. Ces mêmes valeurs, le groupe Fayat les cultive depuis 1957, date à laquelle le jeune corrézien Clément Fayat crée sa propre société de Travaux Publics. Avec quelques francs en poche et un courage à renverser des montagnes. Aujourd’hui, même si le groupe basé à Libourne ne boxe plus dans la même catégorie que nos valeureux lauréats, il est resté fidèle à ses racines régionales et professionnelles. C’est pour cette raison que notre magazine a voulu l’associer à l’hommage annuel que nous rendons aux bâtisseurs les plus performants de l’Hexagone.


Méthodologie : Sept jurys régionaux ont délibéré à partir de documents financiers fournis par notre partenaire Ellisphère. Plus de 3000 bilans 2014 d’entreprise de BTP (hors filiales à 100% des majors et sociétés sans salarié) ont ainsi été passés au crible dans chaque région par des experts-comptables, banquiers, responsables d’organisations professionnelles, réunis autour des journalistes du « Moniteur ». Critères examinés : évolution de l’activité, de la rentabilité, de l’autofinancement et des effectifs au cours des trois derniers exercices, avec un regard particulier porté sur la stratégie managériale et les valeurs véhiculées par chaque PME. Se fondant sur les mêmes critères, le jury national a ensuite désigné l’élite hexagonale de la construction. Ce palmarès met en lumière cinq sociétés ultra-performantes (dont une créée récemment), auxquelles s’ajoutent deux entreprises distinguées, l’une pour sa démarche sociale innovante, l’autre pour sa stratégie de prévention.


Le jury national (de gauche à droite) Pierre Girard, directeur de la politique technique Qualibat, Jean-Marc Matalon, rédacteur en chef adjoint, « Le Moniteur » ; Olivier Diard, Délégué Général de la Fédération Scop BTP, Annie Chazu, associée et directeur région Nord de KPMG ; Patrick Richard, directeur technique OPPBTP ; André Régnier deirecteur du réseau EST BTP Banque ; Alain Luminel, analyste crédit Ellisphère ; Hervé Chevallier Responsable du service intelligence économique Vecteur Plus.


Prix National Travaux Publics


La Scop ETEC tisse sa toile dans les réseaux


ETEC (Entreprise de travaux publics et canalisations), PME des Hautes-Alpes spécialisée dans l’enfouissement des réseaux, le raccordement de lignes et l’éclairage public, réussit encore à tirer son épingle du jeu (elle était lauréate des « TP » en Méditérannée en 2010), grâce notamment au développement de la fibre optique sur son territoire. « Nous avons ajouté cette spécialisation à nos métiers en 2014 en nous lançant dans la pose par microtranchée, qui nous permet de réaliser des chantiers de grande longueur dans le département, pour le compte notamment du Syndicat mixte ouvert PACA très haut débit. Ce marché est important dans un contexte de baisse de la commande publique », confie le P-DG Thierry Boulet. Précédemment chargé d’études, il a succédé, en 2014, à Daniel Aurouze, à la tête de cette PME qui a choisi la Scop comme mode de gouvernance depuis 1999.

"Nos objectifs en 2016 sont de capter les retombées du grand chantier de modernisation électrique ouvert par RTE dans les Hautes-Alpes, avec l’adaptation des réseaux moyenne tension », précise-t-il. Intervenant dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône et le sud de l’Isère, ETEC promeut une politique de prévention renforcée, menée en partenariat avec l’OPPBTP, qui se traduit par un document unique, des ateliers et des stages réguliers sur la sécurité, les conduites à risque et les bons comportements au volant.

Thierry Boulet mise sur le développement de la fibre optique

 

 

18/12/2015