Le Bâtiment Menuisier : l’excellence au bout des doigts

 
Le Grand-Est où se déroule le 36e Congrès national des Scop illustre bien la dynamique de croissance des Sociétés coopératives et participatives dans tous les secteurs d’activité. Les artisans du Bâtiment Menuisier ont pris leur destin en main il y a bientôt 20 ans et se démarquent sur les marchés d’agencement luxueux en France et à l’étranger. Les voitures de Citiz ont essaimé de Strasbourg aux six coins de l’Hexagone et facilitent les déplacements de 25 000 utilisateurs. Le bureau d’études lorrain Techni Conseil élargit son périmètre d’intervention jusqu’aux Vosges. À elles trois, ces deux Scop et cette Scic illustrent la diversité et toute la pertinence du modèle coopératif dans l’économie d’aujourd’hui.
 
Entreprise fondée par les Compagnons du Devoir, Le Bâtiment Menuisier a débuté son aventure en 1964. Constituée de menuisiers très qualifiés, elle réalise des travaux d’agencement, des meubles ou des menuiseries extérieures de haute qualité. Suite à un accroissement du nombre de salariés probablement trop rapide, un premier revers économique touche l’entreprise de plein fouet en 1992, la contraignant à un dépôt de bilan. Elle est alors reprise par les Métalliers champenois, autre société locale d’exception. OEuvrant dans les domaines de la ferronnerie d’art et la métallerie décorative, ils avaient l’habitude de travailler sur des chantiers communs. En 1996, un gros chantier parisien n’est pas payé et met Le Bâtiment Menuisier et sa quinzaine de salariés face à des nouvelles difficultés. Les repreneurs ne souhaitent pas poursuivre l’aventure et investir à nouveau. Le patron de l’époque suggère alors aux salariés de constituer une Scop.
 
Reprise coopérative
Une dizaine de salariés décide de relever le défi et de s’associer. À leur tête, Bruno Héraud, salarié depuis 1986 et aujourd’hui encore gérant de cette menuiserie. L’administrateur judiciaire ne procédera finalement qu’à deux licenciements, deux personnes ne souhaitant pas prendre part à la coopérative. Presque vingt ans plus tard, le défi a été relevé avec brio. Le Bâtiment Menuisier compte aujourd’hui 21 salariés dont 18 associés. Il n’y a parmi eux plus que 4 salariés pionniers, présents lors des débuts en 1997. Pour Bruno Héraud, « il est très important de permettre à ceux qui arrivent dans l’entreprise de rentrer dans la Scop et d’en être administrateur. » L’idée maîtresse est que les décisions qui sont prises le soient par les gens actifs dans l’entreprise. C’est pourquoi le choix a été fait de ne pas permettre aux anciens salariés de rester coopérateurs plus de cinq ans après leur départ. Le recrutement d’apprentis et de personnes en contrat de qualification vise à transmettre le savoir-faire et assurer la pérennité de la structure.
 
Rien de moins que l’excellence
Ce goût du défi, on le retrouve dans leur activité. Pour ces ouvriers, la menuiserie n’est pas juste une activité économique. Comme le dit Bruno Héraud : « On essaie de se faire plaisir à travers notre métier. On aime faire de belles choses, bien réalisées. » Et s’il y a de la diffi culté et du challenge, tant mieux ! Un escalier complexe, l’aménagement sur-mesure d’un petit appartement parisien avec plein d’endroits inaccessibles, un meuble aux formes inusuelles sont autant de projets qui font vibrer ces menuisiers d’exception dont plusieurs ont été reconnus meilleur ouvrier de France ou médaille d’or des Olympiades des métiers. Et les clients ne s’y trompent pas. La société a ainsi réalisé l’aménagement de nombreuses maisons de champagne prestigieuses (Moët et Chandon, Pol Roger...) et petits châteaux régionaux. Cette reconnaissance sur ce marché de la menuiserie luxueuse leur permet d’assurer un carnet de commandes correct. Ils ont également une clientèle de particuliers et travaillent avec des architectes et des décorateurs locaux et de la région parisienne mais n’hésitent pas à aller plus loin. Ils sont ainsi intervenus sur des chantiers londoniens, grecs ou dans le sud de la France. Cependant, ayant tiré expérience de leurs mésaventures, ils ne prennent des chantiers éloignés que lorsqu’ils sont proposés par des groupes qu’ils connaissent. Dernièrement, ils ont expédié leur savoir-faire outre-Atlantique. Les menuiseries fabriquées dans leurs ateliers champenois ont ainsi été expédiées à Miami et mises en oeuvre par des ouvriers américains. De nombreux projets dont ces salariés coopérateurs peuvent être fi ers à l’occasion de souffl er leurs 20 bougies !
 
01/10/2016