RE2020 : la fronde des fédérations
 
 
Les fédérations plaident pour « une RE2020 véritablement ambitieuse, humaine, abordable et durable ».
 
Les principales organisations professionnelles du secteur ont donné de la voix mardi face à la mise en place de la RE2020. L’USH, FPI, Pôle Habitat FFB, FFB, Fédération SCOP BTP, CAPEB, UNSFA et l’UNTEC ont signé un communiqué commun affirmant que « le projet présenté par le gouvernement mi- décembre ne réunit pas les conditions d’une adhésion massive de la filière construction ».
 
« Faute de concertation suffisamment aboutie, de nombreuses analyses contradictoires circulent et de sérieuses zones d’ombre demeurent. Une véritable concertation technique doit s’ouvrir, afin de parvenir à une RE2020 qui concilie lutte plus intense contre l’effet de serre, innovation, emplois et lieux de vie performants, agréables, sobres et économiquement accessibles, indiquent-elles.
 
Selon celles-ci, « l’urgence climatique doit être traitée avec responsabilité, en évitant dogmatismes et expédients satisfaisants à court terme, mais inefficaces à long terme, alors que la règlementation française (la RT2012) s’avère déjà la plus ambitieuse d’Europe et, sans doute, du monde ».
 
Risque d’exclusion de filières entières de production
 
Pour ces organisations, il est certain que l’usager continuera à subir un inconfort d’été avec le projet proposé. Il est en outre certain que de nombreuses opérations se trouveront condamnées par le poids carbone des infrastructures imposées par les PLU et qu’il en ira de même pour les opérations prévues sur des terrains présentant des contraintes de sol ou d’orientation. « Il est aussi certain qu’il en sera fini du recours au gaz ou aux radiateurs électriques performants, fut-ce en appoint », ajoutent-elles.
 
« Au surplus, le modèle et les seuils retenus risquent d’exclure à court terme des filières entières de production, qu’il s’agisse de la construction en maçonnerie ou acier. Enfin, un surcoût important est certain, à telle enseigne que l’étude d’impact présentée par l’administration confirme l’absence de retour sur investissement sur cinquante ans. Comment les ménages et autres donneurs d’ordres pourront-ils supporter un tel choc ? Peut-on véritablement croire que la Puissance publique mettra en place un système d’accompagnement financier à la hauteur ? », questionnent-elles.
 
Menace sur la production
 
Les huit organisations mettent également en avant le risque sur le niveau de production. Elles « ne peuvent souscrire à l’idée que tomber durablement à 300 000 logements mis en chantier annuellement sous l’effet de ces contraintes constitue une réponse envisageable à l’urgence climatique », et ce alors même que le rythme de construction actuel ne suffit pas à satisfaire les besoins en logements.
 
« Les huit organisations appellent à une RE2020 véritablement ambitieuse, humaine, abordable et durable. Une RE2020 qui place l’occupant au cœur des enjeux et qui rencontre l’adhésion des acteurs parce qu’elle ne les contraint pas dans des modèles fermés. Une RE2020 qui ne freine pas la production neuve, n’exclut pas les ménages modestes, ne détruit pas les emplois, ne sacrifie pas les filières et ne décourage pas l’innovation du secteur de la construction », concluent-elles.
 
28/01/2021